Je me rappelle, il y a maintenant plus de quarante ans, mes premières balades sur les berges de la Rivière Malbaie. Le chantier du navire Pélican n’existait pas encore et les Malbéens se partageaient le menu du restaurant Le Mansi avec les touristes de passage. Tout ça, juste de l’autre côté du pont. À cette époque, c’est sans aucun doute mon insatiable curiosité qui m’a poussé à m’aventurer au-delà des quelques maisons qui s’étalaient encore entre la berge et la route de Cap-à-l’Aigle.

Comment ne pas tomber en amour avec cette rive et ces battures encore sauvages? Marcher le long d’un cours d’eau à quelque chose d’un peu mystique et méditatif. Le pas suit le rythme du courant, la respiration s’apaise comme l’estuaire à l’étale, et au moment d’aboutir au fleuve, le regard s’ouvre, les pensées s’évadent et s’égarent vers les horizons apaisants. Au fil des ans, j’ai appris à reconnaître chaque pointe, chaque ruisseau, chaque anse de ce majestueux parcours. Au fil des marées, j’ai suivi l’histoire des troncs échoués, bien enfouis ou parfois de passage sans oublier les buttes rocailleuses et les rochers égarés. J’ai aussi appris à écouter le silence, les appels et les mélodies du vent, le chant et le langage des oiseaux de mer.

Aujourd’hui, je suis un marcheur-flâneur. Avec mon cabot de 12 ans, je marche «Du Pélican à La Baleine» sans autre but que de retrouver ce plaisir que j’ai à contempler ce décor, à la fois familier mais si changeant. Je flâne aussi, bien attentif, espérant découvrir quelques nouveaux messages que m’adresse Génilocee, le génie du lieu. Pibo